les chroniques des réunions du Journal Intime Collectif de Paris |
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Cette
dernière réunion de l'année a été
aussi réussie que la première : beaucoup de monde, beaucoup
de textes, et des discussions très
animées. A
quoi peut donc servir le formulaire
en ligne?
nombre
de textes lus = 20 |
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9
janvier 1999. |
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9
janvier 1999. |
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La
cinquantaine blond platine, le ventre tombant en vagues moulées dans la
maille jaune sur deux jambons caleçonnés, une femme est au bar, accompagnée
au sol d'une barrique sur pattes à poils noirs souples. A une table voisine,
un jeune couple commente: - Tu crois qu'il est enceinte? - Non, il a l'air vieux… et en plus c'est un mec. Silence. - Tu crois que ça existe l'obésité chez les chiens? |
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Du
10 janvier au 6 décembre 1999. |
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La rue du Département est un pont sous lequel coule une voie ferrée. La nuit, des locomotives diesels solitaires en remontent lentement le cours. Parvenues à la berge, elles exhalent un profond soupir chargé d'haleine âcre. La nuit durant, leurs ronflements bercent le voisinage enfumé. | ||||||||||||||||||||
14
janvier 1999. |
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Une
minuscule femme à caniche maigre discute avec une blond platine à gros
ventre et calecons. Toutes deux sont penchées sur un vieux chien noir
à l'œil morne. "Je l'ai mis au régime. Il devenait trop gros, c'était pas beau." Le vieux chien lève doucement la tête et la laisse retomber en soupirant. |
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Au rayon fromage à la coupe un asiatique d'une bonne quarantaine d'années discute avec la vendeuse, badjée Jamilla, des mérites comparés des roqueforts Papillon et Société. | ||||||||||||||||||||
Un
vieux et une vieille marchent côte à côte. Le vieux est un peu plus ratatiné
que la vieille. Lui : elle est marié maintenant. Elle : non, elle est morte. |
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20
novembre 1999. |
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Une
femme s'adresse à une fillette. - Tu sais, la maîtresse n'était pas ravie... La gamine la fixe mais ne répond pas. La femme la regarde. La gamine soupire, puit dit d'un ton grave : - C'est difficile. - Qu'est-ce qui est difficile ? La gamine laisse passer quelques instants. - C'est qu'il y a, elle fait un geste avec les mains, il y a trop de monde. - En classe? - Non, non, pas les gens, le monde qui est là, enfin où nous on est, tu sais, notre monde... Ben il y en a trop. - Comment ça? - Mettons que la maîtresse elle explique. C'est bien, c'est intéressant, alors tu poses une question et elle commence à répondre. A ce moment-là, le monde se met à entrer, dans les pensées tu sais? Je pense que je traverse la rue, que les sandwich sont dans la vitrine, que les chaussures touchent le trottoir... Tout s'y met, et rien ne s'en va. Puis la maîtresse arrête de parler, et je n'ai pas écouté. Alors elle me pose une question et je ne sais pas répondre et elle se met en colère. L'enfant a l'air désolé. La femme lui parle longuement et calmement. Puis elle s'arrête au milieu d'une phrase. - Martine? - Oui ? La gamine rougit et la fixe de ses yeux écarquillés. A son tour, la femme la regarde avec attention. - C'est le monde qui est entré, c'est ça? Le visage de Martine se détend dans un sourire pendant qu'elle fait oui avec la tête. Elle ajoute enfin : - Tu penses que ça va passer un jour ? |
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Dimanche
21 novembre 1999. |
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Sur les quatre bornes "Internet Gratuit", deux sont en panne, bloquées. Sur le clavier de l'une d'entre elles une dizaine de trous noirs forment un îlot au milieu des touches blanches. Devant les deux autres, deux adolescents, un grand et un petit, se tiennent debout. Dans leur dos, les jambes écartées et les bras croisés, des individus baraqués en combinaison bleu marine portant un tas d'ustensiles métalliques à la ceinture, les observent. Sur l'écran du grand ado, dans une petite fenêtre, au rythme de son pianotage s'inscrit progressivement la phrase "Vive Marseille!". Puis il appuie sur un gros bouton et jubile : "ça marche!" Le groupe d'hommes en combinaison grossit de quelques individus supplémentaires qui font des commentaire à voix basse tout en rodant autour des bornes: - C'est bien c'est gratuit. Soudain, la sonnerie d'un téléphone retentit. Le petit ado sort de sa poche un téléphone et lit à voix haute ce qui vient de s'inscrire sur l'écran du portable : "Vive Marseille!". "Super!", rajoute-t-il en jetant un regard de satisfaction vers les spectateurs aux jambes écartées. | ||||||||||||||||||||
22
novembre 99 - 18h05. Avenue Philippe Auguste 11°, près de la place de la Nation. |
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L'avenue
est sombre. |
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Une mémé taille mini et poids plume, manteau gris et bonnet rose, s'installe précautionneusement sur un strapontin dans les vacillements du démarrage de la rame. Elle entreprend la fouille de son sac, en l'occurrence une poche plastique Franprix petit format contenant d'autres sacs de même type, tous blancs et gonflés de vide. De longs froissements habitent le silence de la rame et amènent les petits mains fripées à extirper un paquet de mouchoirs en papier blancs. Une seconde fouille dans la région opposée du sac de sacs dégage un deuxième paquet des mêmes mouchoirs. Petite mémé cale soigneusement son léger sac sur ses genoux maigres, ce qui lui permet de manipuler les deux paquets de mouchoirs des deux mains. Du premier paquet elle sort un mouchoir blanc. Elle le cale au fond de sa main et ouvre le second paquet, où elle transvase le mouchoir en le forçant au milieu de ses semblables. Puis elle remet les deux paquets dans les zones qu'ils occupaient respectivement dans le sac de sacs. Petite mémé se détend un instant dans le silence revenu, puis recommence une fouille bruissante, ramène à la surface un paquet de mouchoirs blancs - un des précédents ou un autre - en sort un mouchoir, le déchire en deux moitiés, pose une moitié sur ses genoux et avec l'autre se mouche délicatement les deux narines à la fois. Elle roule en boule dans sa main la moitié usagée et saisit l'autre moitié, qu'elle recoupe en deux. Avec le premier quart, elle mouche une narine, fait une autre boule dans sa main. Avec le second quart, elle mouche la seconde narine et fait une troisième boule de mouchoir. Enfin, elle réunit les trois boules en une seule qu'elle introduit dans le sac de sacs. Petite mémé se redresse sur son strapontin tandis que tous les regards alentour quittent ses mains pour se croiser. | ||||||||||||||||||||
Mardi
30 novembre 1999, 19h00. Ligne 6 Nation-Charles de Gaulle. |
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Le métro
s'éloigne lentement de la station Glacière. Un homme blond portant un
jean élimé, un blouson en cuir noir, une barbe de trois jours, baisse
les yeux en souriant : |
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Le
1.12.99, 17h30 Bd. Malesherbes. |
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A la porte
d'un café-tabac un vieux clochard fait la manche: |
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Samedi
4 décembre 1999, 17h15. Métro ligne 7, entre Cadet et Le Peletier. |
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Voix
venant du fond du wagon - un homme habillé d'une veste bleue, défraîchie,
il est pâle. "… j'ai été expulsé …" émerge du brouhaha. Deux femmes assises sur une banquette, côte à côte, alors que l'homme à la veste bleue passe avec une main tendue : " C'est le problème de la spirale. Plus tu fais, plus t'as envie." L'homme en passant : "S'il vous plaît …" Station Cadet, les portes s'ouvrent devant une jeune femme et un petit garçon - ils se tiennent par la main : "Fais attention à toi en descendant …" |
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Dimanche
5 décembre 1999. BHV Hôtel de ville, 15h. |
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Toi, tu dois faire quoi? demande la première femme à la deuxième. - Les housses pour les coussins, les luminaires pour le sapin, un petit meuble chez Habitat, ah et un épilédi chez Darty parce que j'ai un bon du comité d'entreprise. Et toi? - Recharge pour agenda, pantalon, fond de teint. - En gros, ça fait BHV, Samaritaine, Habitat, Halles. - Allons-y. |
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