les chroniques des réunions du Journal Intime Collectif de Paris
Chronique n°7 : 06/12/99
historique
Chronique n°7
(réunion du 06/12/99)
Chronique n°6
(réunion du 19/11/99)
Chronique n°5
(réunion du 15/10/99)
Chronique n°4
(réunion du 25/06/99)
Chronique n°3
(réunion du 16/04/99)
Chronique n°2
(réunion du 04/02/99)
Chronique n°1
(réunion du 22/01/99)
Paris
Marseille
Montpellier
Aller ailleurs

Cette dernière réunion de l'année a été aussi réussie que la première : beaucoup de monde, beaucoup de textes, et des discussions très animées.
Les textes qui ont été envoyés par mail n'ont pu tous être travaillés, ni même lus. Une discussion assez longue à permis de conclure qu'il était impossible de travailler le texte d'une personne absente et qui, de plus , n'est jamais venue à une seule soirée du JIC. Le JIC ne possède pas de comité de sélection, de rédaction ou tout autre instance censurante et n'en veut pas. C'est l'ensemble des personnes présentes qui forme un consensus ponctuel autour des textes à condition que l'auteur soit présent ou ai pu assister au moins une fois à une soirée.

A quoi peut donc servir le formulaire en ligne?
A la réception des JIC d'ailleurs, et aux jicquiens qui ne peuvent pas venir et aussi à ceux qui ont envie de venir et qui n'ont pas eut encore l'occasion de le faire. Nous conservons tous les textes. Le principal est de donner un cadre pour passer à l'acte d'écriture.

Les présents :

Olivia Willaumez
Jacques Le Montagnier
Emmanuelle Tertipis
Carina Boschi
David Guillon
Constantin Leu
Françoise Mesnier

Jean-Philippe Spector
Caroline Sarrion
Katy Basset
Silvia Vignato
Jean-Loup Martin
Jean-Pierre Becker

nombre de textes lus = 20
dont 3 "off"
textes envoyés par mail = 4

  top
 
TEXTES
lus lors de la réunion du 6 décembre 1999
 

9 janvier 1999.
Bar à l'angle de la rue Pajol et de la rue du Département, Paris 18e.
Du 10 janvier au 6 décembre 1999.
Rue du Département, Paris 18e
.
14 janvier 1999.
Petite place devant le bar à l'angle de la rue Pajol et de la rue du Département, Paris 18e.

Le 22 février 1999, vers 19h..
Auchan, Bagnolet
Novembre 1999.
Bd Raspail, Paris XIVe.
20 novembre 1999.
Place de Ménilmontant, 13h.30, arrêt du 96.
Dimanche 21 novembre 1999.
Station de RER Port-Royal, 1 heure du matin.

22 novembre 99 - 18h05.
Avenue Philippe Auguste 11°, près de la place de la Nation.
e la Nation.
Mardi 23 novembre 1999.
Métro station Ourcq, 19e.
Mardi 30 novembre 1999, 19h00.
Ligne 6 Nation-Charles de Gaulle.
Le 1.12.99, 17h30
Bd. Malesherbes.
Samedi 4 décembre 1999, 17h15.
Métro ligne 7, entre Cadet et Le Peletier.
Dimanche 5 décembre 1999.
BHV Hôtel de ville, 15h.

 

9 janvier 1999.
Bar à l'angle de la rue Pajol et de la rue du Département, Paris 18e.

  La cinquantaine blond platine, le ventre tombant en vagues moulées dans la maille jaune sur deux jambons caleçonnés, une femme est au bar, accompagnée au sol d'une barrique sur pattes à poils noirs souples. A une table voisine, un jeune couple commente:
- Tu crois qu'il est enceinte?
- Non, il a l'air vieux… et en plus c'est un mec.
Silence.
- Tu crois que ça existe l'obésité chez les chiens?
 
 

Du 10 janvier au 6 décembre 1999.
Rue du Département, Paris 18e.

  La rue du Département est un pont sous lequel coule une voie ferrée. La nuit, des locomotives diesels solitaires en remontent lentement le cours. Parvenues à la berge, elles exhalent un profond soupir chargé d'haleine âcre. La nuit durant, leurs ronflements bercent le voisinage enfumé.
 
 

14 janvier 1999.
Petite place devant le bar à l'angle de la rue Pajol et de la rue du Département, Paris 18e.

  Une minuscule femme à caniche maigre discute avec une blond platine à gros ventre et calecons. Toutes deux sont penchées sur un vieux chien noir à l'œil morne.
"Je l'ai mis au régime. Il devenait trop gros, c'était pas beau."
Le vieux chien lève doucement la tête et la laisse retomber en soupirant.
 
 

Le 22 février 1999, vers 19h.
Auchan, Bagnolet.

  Au rayon fromage à la coupe un asiatique d'une bonne quarantaine d'années discute avec la vendeuse, badjée Jamilla, des mérites comparés des roqueforts Papillon et Société.
 
 

Novembre 1999.
Bd Raspail, Paris XIVe.

  Un vieux et une vieille marchent côte à côte. Le vieux est un peu plus ratatiné que la vieille.
Lui : elle est marié maintenant.
Elle : non, elle est morte.
 
 

20 novembre 1999.
Place de Ménilmontant, 13h.30, arrêt du 96.

  Une femme s'adresse à une fillette.
- Tu sais, la maîtresse n'était pas ravie...
La gamine la fixe mais ne répond pas. La femme la regarde. La gamine soupire, puit dit d'un ton grave :
- C'est difficile.
- Qu'est-ce qui est difficile ?
La gamine laisse passer quelques instants.
- C'est qu'il y a, elle fait un geste avec les mains, il y a trop de monde.
- En classe?
- Non, non, pas les gens, le monde qui est là, enfin où nous on est, tu sais, notre monde... Ben il y en a trop.
- Comment ça?
- Mettons que la maîtresse elle explique. C'est bien, c'est intéressant, alors tu poses une question et elle commence à répondre. A ce moment-là, le monde se met à entrer, dans les pensées tu sais? Je pense que je traverse la rue, que les sandwich sont dans la vitrine, que les chaussures touchent le trottoir... Tout s'y met, et rien ne s'en va. Puis la maîtresse arrête de parler, et je n'ai pas écouté. Alors elle me pose une question et je ne sais pas répondre et elle se met en colère. L'enfant a l'air désolé. La femme lui parle longuement et calmement. Puis elle s'arrête au milieu d'une phrase.
- Martine?
- Oui ?
La gamine rougit et la fixe de ses yeux écarquillés. A son tour, la femme la regarde avec attention.
- C'est le monde qui est entré, c'est ça?
Le visage de Martine se détend dans un sourire pendant qu'elle fait oui avec la tête. Elle ajoute enfin :
- Tu penses que ça va passer un jour ?
 
 

Dimanche 21 novembre 1999.
Station de RER Port-Royal, 1 heure du matin.

  Sur les quatre bornes "Internet Gratuit", deux sont en panne, bloquées. Sur le clavier de l'une d'entre elles une dizaine de trous noirs forment un îlot au milieu des touches blanches. Devant les deux autres, deux adolescents, un grand et un petit, se tiennent debout. Dans leur dos, les jambes écartées et les bras croisés, des individus baraqués en combinaison bleu marine portant un tas d'ustensiles métalliques à la ceinture, les observent. Sur l'écran du grand ado, dans une petite fenêtre, au rythme de son pianotage s'inscrit progressivement la phrase "Vive Marseille!". Puis il appuie sur un gros bouton et jubile : "ça marche!" Le groupe d'hommes en combinaison grossit de quelques individus supplémentaires qui font des commentaire à voix basse tout en rodant autour des bornes: - C'est bien c'est gratuit. Soudain, la sonnerie d'un téléphone retentit. Le petit ado sort de sa poche un téléphone et lit à voix haute ce qui vient de s'inscrire sur l'écran du portable : "Vive Marseille!". "Super!", rajoute-t-il en jetant un regard de satisfaction vers les spectateurs aux jambes écartées.
  top
  22 novembre 99 - 18h05.
Avenue Philippe Auguste 11°, près de la place de la Nation.
 

L'avenue est sombre.
Les passants filent, ceux qui disparaissent derrière une porte, et ceux qui en surgissent pour disparaitre dans la rue. Un homme grand, sombre, gesticulant, marche le long des bancs. Il invective la nuit d'une voix théâtrale :
- Ce n'est pas ça qu'il faut faire.
Il marche, en pivotant ses pas, longeant toujours l'alignement des bancs et des arbres. Une femme approchant en face poursuit en s'écartant vers le mur sans un regard. Il se déplace en lançant ses bras, mains dans les poches de son manteau.
- Je parle pour qu'on m'entende.
Un homme, plus loin près des arbres, tire son chien vers un passage protégé. L'homme sombre claque ses bras contre lui, mains dans les poches.
- C'est ça l'improvisation.
Il pivote brusquement, son visage est tendu, son regard fixe le sol trop loin.
- C'est ça que je vais leur montrer.
Et et il continue en sens inverse.

 
 

Mardi 23 novembre 1999.
Métro station Ourcq, 19e.

  Une mémé taille mini et poids plume, manteau gris et bonnet rose, s'installe précautionneusement sur un strapontin dans les vacillements du démarrage de la rame. Elle entreprend la fouille de son sac, en l'occurrence une poche plastique Franprix petit format contenant d'autres sacs de même type, tous blancs et gonflés de vide. De longs froissements habitent le silence de la rame et amènent les petits mains fripées à extirper un paquet de mouchoirs en papier blancs. Une seconde fouille dans la région opposée du sac de sacs dégage un deuxième paquet des mêmes mouchoirs. Petite mémé cale soigneusement son léger sac sur ses genoux maigres, ce qui lui permet de manipuler les deux paquets de mouchoirs des deux mains. Du premier paquet elle sort un mouchoir blanc. Elle le cale au fond de sa main et ouvre le second paquet, où elle transvase le mouchoir en le forçant au milieu de ses semblables. Puis elle remet les deux paquets dans les zones qu'ils occupaient respectivement dans le sac de sacs. Petite mémé se détend un instant dans le silence revenu, puis recommence une fouille bruissante, ramène à la surface un paquet de mouchoirs blancs - un des précédents ou un autre - en sort un mouchoir, le déchire en deux moitiés, pose une moitié sur ses genoux et avec l'autre se mouche délicatement les deux narines à la fois. Elle roule en boule dans sa main la moitié usagée et saisit l'autre moitié, qu'elle recoupe en deux. Avec le premier quart, elle mouche une narine, fait une autre boule dans sa main. Avec le second quart, elle mouche la seconde narine et fait une troisième boule de mouchoir. Enfin, elle réunit les trois boules en une seule qu'elle introduit dans le sac de sacs. Petite mémé se redresse sur son strapontin tandis que tous les regards alentour quittent ses mains pour se croiser.
 
  Mardi 30 novembre 1999, 19h00.
Ligne 6 Nation-Charles de Gaulle.
 

Le métro s'éloigne lentement de la station Glacière. Un homme blond portant un jean élimé, un blouson en cuir noir, une barbe de trois jours, baisse les yeux en souriant :
- Je ne fais pas la manche ! Les voyageurs lèvent les yeux dans un même mouvement, le scrutent un bref instant, avant de retrouver chacun leur tour, qui la lecture de son livre, qui le bout de ses chaussures en daim, qui la poitrine opulente de sa jeune voisine ou les titres du journal de son vis-à-vis.
- Je suis un cadre informaticien!
Dans l'assemblée, un curieux lève les yeux de son journal d'informatique.
- J'ai trente ans, une bonne situation, merci. Je gagne 24.000 Francs par mois si vous voulez tout savoir. L'homme au journal ouvre grand les yeux? Autour de lui les voyageurs sourient.
- Je suis seul, vous savez ce que c'est... Je cherche une femme. Si une femme est intéressée qu'elle descende sur le quai à la prochaine station, je comprendrais. Les voyageurs rient franchement désormais. Un grand brun barbu s'est levé de son strapontin à l'autre bout du wagon :
- Je vais te filer la mienne si ça t'intéresse! lance-t-il un brin provocateur. Ca fait trop longtemps qu'elle me gonfle!
L'interpellé sourit devant cette proposition :
- Ouais, ouais... Le métro entre à la station Corvisart. Va et vient général : montée descente. Le barbu se rapproche de lui :
- Tu veux mon numéro de portable ? Bon ben descends…
Ils font mien de descendre, mais remontent immédiatement dans le wagon et se présentent aux voyageurs interloqués.

 
  Le 1.12.99, 17h30
Bd. Malesherbes.
 

A la porte d'un café-tabac un vieux clochard fait la manche:
- Vouzoriépaunep'titepiècesioupait?
- Ah! Non, déjà qu'aujourd'hui je paie la vignette lui jette un tout petit monsieur rougeaud habillé d'une salopette blanche maculée de plâtre.
- Ben justement, la vignette c'est pour les pauvres et les vieux, ce serait plus direct! reprend le cloche.
Le plâtrier rigole en lui donnant une pièce.
- Et le jour de la redevance vous faites la manche devant TF1?

 
  Samedi 4 décembre 1999, 17h15.
Métro ligne 7, entre Cadet et Le Peletier.
  Voix venant du fond du wagon - un homme habillé d'une veste bleue, défraîchie, il est pâle.
"… j'ai été expulsé …" émerge du brouhaha.
Deux femmes assises sur une banquette, côte à côte, alors que l'homme à la veste bleue passe avec une main tendue : " C'est le problème de la spirale. Plus tu fais, plus t'as envie."
L'homme en passant : "S'il vous plaît …"
Station Cadet, les portes s'ouvrent devant une jeune femme et un petit garçon - ils se tiennent par la main : "Fais attention à toi en descendant …"
 
  Dimanche 5 décembre 1999.
BHV Hôtel de ville, 15h.
  - Toi, tu dois faire quoi? demande la première femme à la deuxième.
- Les housses pour les coussins, les luminaires pour le sapin, un petit meuble chez Habitat, ah et un épilédi chez Darty parce que j'ai un bon du comité d'entreprise. Et toi?
- Recharge pour agenda, pantalon, fond de teint.
- En gros, ça fait BHV, Samaritaine, Habitat, Halles.
- Allons-y.
 

rechercher des textes JIC l Qui sommes nous?
Le JIC : mode d'emploi l Le JIC : une pratique l Les photos du JIC l Les JIC d'ailleurs
Les films S8 du JIC l Quelles sont les nouvelles?
Le JIC au Brésil : DIC l Le JIC de Marseille l Le JIC d'Italie : DiCo
English version of JIC l Haut de page