les chroniques des réunions du Journal Intime Collectif de Paris
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Chez Corinne :

Les présents :

Jean-Philippe Spector
Caroline Sarrion
David Guillon
Corinne Pierre-Dupleix

nombre de textes lus = 4

les TEXTES

Mercredi 8 septembre 1999, entre 20h30 et 21h30.
Rue Linné, Paris Vème.
Jeudi 2 septembre 1999, 17h.
Commissariat du XIVe Arrondissement, avenue du Maine.

Jeudi 2 septembre 1999, 17h.
Commissariat du XIVe Arrondissement, avenue du Maine.
Passage par le sasse : "excusez-nous vous avez quelque chose de métallique dans votre sac? Clé?" Elle sort un trousseau d'une des poches. La sorte de rasoir électrique recaresse le sac et s'allume encore. "Un téléphone portable peut-être?" Elle sort un téléphone portable d'une autre poche de son sac. La caresse provoque le même effet. "Une autre clé?" Elle fouille toutes les poches de son sac et trouve un autre trousseau de clés. "J'ai les deux sur moi!" dit-elle avec surprise. "Pour les plaintes c'est la première porte à droite."
Des cris de femme, en arabe mêlés de quelques bribes de français : "Y drague les femmes!","vieux con", entrecoupés d'interventions musclées de la dame de l'accueil qui cri plus fort encore "stop!" passent à travers la porte de la salle d'attente. "Ya pas de stop!" rugit la voix de femme, y m'a donné cadeaux! "Où sont ses affaires, vous avez son magnétoscope et sa table?". "Il m'a donné cadeau!" rabâche la femme. Les trois individus surgissent les uns après les autres dans la salle d'attente. D'abord, le vieil arabe, silencieux, ensuite la femme arabe qui continue à crier en arabe et la dame de l'accueil en survet violet. "Taisez vous maintenant, je vais quand même pas jouer les gendarmes!". Le vieil homme ouvre la bouche et dit "elle m'insulte". "Parlez en français!" rétorque la dame de l'accueil à la femme arabe. Elle tient un bout de papier dans la main et liste les plaignants : "Perte de clé?", elle lève les yeux, "c'est bon", "vol de papier?", elle lève les yeux,j "c'est bon" "vandalisme dans l'hôtel?", elle lève les yeux, "c'est bon, cambriolage?", elle lève les yeux et tourne les talons, "c'est bon".
 
 

Mercredi 8 septembre 1999, entre 20h30 et 21h30
Rue Linné, Paris Vème. .

  Une femme dans une cabine téléphonique. Elle s'affaire. A côté d'elle, un caddie. Elle a des chaussures blanches, un T-shirt blanc, un gilet blanc, des cheveux grisonnants. Et des gants blancs. Elle saisit précautionneusement le combiné téléphonique bleu, l'examine, puis raccroche. Sur la tablette métallique fixée à l'une des parois de la cabine se trouvent un petit carnet, un paquet de mouchoirs blancs en papier ainsi que deux petits récipients en plastique. Avec des gestes lents, elle sort un mouchoir du paquet, l'humecte avec le contenu de l'un des récipients, saisit le combiné, le nettoie avec le mouchoir, fait de même avec le repose-combiné ainsi que les touches, repose consciencieusement le mouchoir sur la tablette métallique et le combiné téléphonique sur le repose-combiné. Quelques instants se passent. Elle se penche sur son caddie, en sort un grand sac plastique dont elle extrait un autre sac plus petit, duquel elle tire un ventilateur de poche qu'elle met en action en touchant presque le combiné téléphonique. L'opération achevée, elle range minutieusement l'accessoire dans le petit sac, le petit sac dans le grand, le grand dans le caddie. Lentement, elle se redresse, enfin consulte son petit carnet, tapote sur les touches du téléphone, parle en éloignant au maximum le combiné de son visage et oreilles. La conversation dure infiniment moins de temps que ses préparatifs. A un moment, elle se penche vers son caddie, en sort un petit sachet duquel elle extrait un crayon, note quelque chose sur son carnet et range le crayon dans le sachet dans le caddie. Puis, ayant raccroché le combiné, et toujours portant ses gants blancs, elle entreprend de ranger ses ustensiles dans divers sacs, un par ustensile, puis dans le caddie. Ceci fait, elle sort de la cabine, quelqu'un qui attendait dehors prend sa place, et elle vient se coller à la cabine, complètement immobile, elle fixe quelque chose du regard, à l'intérieur. Elle se finit par quitter les lieux, traînant son caddie derrière elle. Elle se dirige vers l'arrêt de bus le plus proche, se campe devant les plans et horaires affichés, n'en bouge pas pendant une dizaine de minutes. Puis elle reprend son chemin, toujours en gants blancs, traînant son caddie. Elle se dirige vers l'entrée du métro Jussieu, hésite, revient sur ses pas, fait le tour de l'entrée Guimard, se plante devant le plan du métro pendant quelques minutes, reprend son caddie et sa marche. Elle entre enfin dans la station de métro, descend la volée d'escaliers. Du dehors, le bas de ses jambes et les roues de son caddie sont visibles, arrêtées sous un plan du métro où les trajets s'affichent grâce à des ampoules de couleur. Puis elle disparaît.
 

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