les chroniques des réunions du Journal Intime Collectif de Paris

Chronique n°2 : 04/02/99
historique
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(réunion du 06/12/99)
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La deuxième réunion s'est tenue un peu au dernier moment chez Kati Basset. Preuve que les réunions se remettent à tourner...
 
Silvia Vignato
Kati Basset

Constantin leu

Jacques Pinson
Olivier Carré
Florence Privat


 

Voici une partie des textes qui ont été lus.

 

TEXTES
lus lors de la réunion du 4 février1999

Jeudi 8 février 1999, 21h52
Rue du Département, côté 18ème arrondisssement.

Dans le RER B : 2 cannettes posées en équilibre, vides.
A un angle de la rue du Département, une femme saoûle, poussée, tombe. Un homme s'apprête à lui fendre le visage de son pied. Il se ravise. Quelqu'un le retient, il recule et lui envoie un gros tesson. Il la rate, elle l'admoneste en sourdine. Ses larmes coulent, elle chancèle… Un homme demande son chemin - "la rue Kablé, Monsieur, s'il vous plaît…"- pas de réponse, juste un regard troublé qui rampe. Plus loin un enfant suit une femme à 30 mètres de distance. La bruine est poisseuse.
 

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Lundi 1er février 1999
Boulevard de la Villette, Paris 20ème
  Un bouquet de fleurs fanées pendouillant au dessus d'un porche signale une plaque enjolivée de cocardes tricolores. Cette plaque informe que le Colonel Fabien, dont la station de métro honore la mémoire juste en face, s'appelait Pierre-Georges, qu'il a habité cette maison, que le 27 décembre 1994 il a été tué, textuellement, "à l'ennemi". Mais le pendouillement des fleurs dissimule que le père dudit Colonel, Félix-Georges, a été fusillé le 12 Août 1942 par, textuellement et sans majuscules, "les boches". L'immeuble à côté porte lui plusieurs plaques, de plâtre blanc, elles aussi marquées de dates: les unes 16-9-94, les autres 5-2-96, placées en travers de fantastiques fissures fendant toute la façade. La façade est, elle, bien propre et blanche, comme les rideaux des fenêtres, la plupart allumées derrière d'énormes poutres de soutènement. Les poutres sont toutes neuves, comme le scotch marron qui tient ensemble les fragments de la vitrine de la laverie du rez de chaussée. La laverie a des airs de Beyrouth moyenâgeux, bardée de poutres en façade et au fond de la pièce, le plafond affaissé, défoncé, laissant s'échapper un entrelacs de fils électriques et de tuyauterie, les machines, allumées, sens dessus-dessous sur un sol soulevé, défoncé, ravagé comme par un tremblement de terre. La laverie est ouverte. Un peu plus loin en direction de Jaurès, en vitrine, des christs en croix reposent sur de petits cercueils entre des bouteilles d'"EAU CONTRE LE MAL" tandis qu'en plusieurs endroits un ange blanc armuré écrase un démon noir quasi nu. Le magasin s'appelle STPNA, acronyme de "Société Toute Pou Nou Antillais", Produits ésotériques, Parfumerie, vend des prières, feuillages antillais, essence spirituelle, bois bande. A l'intérieur, d'interminables étagères de fioles. Sonner pour entrer.
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  Le 01-02-99, vers 19h.
Une rue en pente dans le XVIIème.
  Devant une porte cochère, deux flics et deux sauvageons en conversation, tous très calmes. Une femme s'est penchée à sa fenêtre et suit l'affaire. Attitude de téléspectateur, en observation flottante. 20 mètres plus bas, sur le même trottoir, un homme sort d'un immeuble. Loden marine, lunettes. En voyant les flics, il se retourne, recompose le code de la porte mais elle ne s'ouvre pas. Il réessaie le code. Marche pas. Et encore, et encore, il essaie, tout en donnant de petits coups discrets dans la porte avec le profil de son corps, de plus en plus fort, sans succès. Les flics au-dessus en ont terminé avec les jeunes. Ils commencent à descendre la rue, sur le même trottoir, ils marchent tout doucement. Ils sont encore à moitié tournés vers leurs petits sauvageons à qui ils terminent de dire au revoir, tout en descendant. Tout en descendant. Et le type tente maintenant des tas de combinaisons de code, intercalées de pressions de plus en plus violentes avec son corps sur la porte. Finalement le type abandonne et s'engage dans la rue, tout en allumant une clope, et en surveillant du regard la progression des flics. Il revient vers l'immeuble. Il avise un magasin ouvert juste à côté et entre. les flics passent devant tranquillement et finissent de descendre.
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