Mercredi 10 juillet 2002, 18h30.
Métro Ligne 1 entre " les sablons " et " porte maillot " direction Château de vincennes.

A cette heure de sortie de bureau, le métro est bondé. Les voyageurs, les uns sur les autres se tassent et se bousculent en grognant.
La rame - alors en pleine vitesse - freine violemment. Les gens qui s'accrochent à quelque chose resserrent leur prise. L'effort qu'ils font pour se maintenir debout dessine des grimaces sur leurs visages. Les moins chanceux s'accrochent comme ils peuvent en se rattrapant à leurs voisins.
La rame est complètement arrêtée. Les gens se regardent. Une dame jète un regard sombre à son voisin qui n'a pu faire autrement que de s'agripper à elle pour éviter la chute. Il n'y a visiblement pas de blessés. Le calme revient, la surprise laisse place à l'attente.
Des crachotements se font entendre, dans les haut-parleurs, suivis d'une voix au fort accent populaire. Le ton est à la fois guilleret et amusé :
- Mesdames et Messieurs, comme vous pouvez le voir…eh bah…y'a p'us d'courant.
Les gens se regardent et patientent en silence.
La voix hésitante reprend :
- Mesdames et Messieurs, nous attendons que le courant revienne…ça n'devrait pas durer…enfin j'espère…enfin…c'est le chef qui l'a dit…
Des sourires apparaissent sur les visages des voyageurs, certains y vont même d'une petite remarque amusante, d'autres enfin n'esquissent pas la moindre réaction ,comme s'ils étaient dans le bronze.
Quelques minutes passent encore avant qu'un ne ronflement ne se fasse entendre. La rame reprend vie, les voyageurs poussent des soupirs :
- Ah, enfin ! s'exclament certains.
Le conducteur reprend alors :
- Messieurs…enfin Messieurs et Mesdames, nous allons avancer jusqu'à Maillot.

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VINAIGRE © - extrait du Journal Intime Collectif (JIC)