4/02/02 vers 12h30.
Métro, ligne 7, entre Sully-Morland et Jussieu, Paris.

Il y a là un homme sur une banquette qui entoure de son corps penché et de son bras un petit garçon de quatre ans. L'enfant s'agite, parle fort. L'homme est amical et contenant. L'enfant prétend que cinq est après six.
- Non, dit l'homme.
- Mais si, regarde, dit l'enfant, et il se met à compter sur ses doigts. Un, le pouce, deux, il sort le majeur, puis se ravise et désigne l'index, deux, trois le majeur, quatre ,cinq, six (il désigne aussi l'auriculaire). Fier , il dit , Tu vois!.
Mais l'homme n'écoute pas, il demande la suite :
- Après qu'est-ce qu'il y a?
- Je sais pas dit l'enfant contrarié, mais regarde, cinq, six.
- Mais après ?, répète l'homme sourd.
- Sept.
- Et après?
- Huit.
- Et puis?
- Je sais pas.
- Mais si, tu sais !( presque à la cantonade)
- Bon, neuf, mais papa, cinq et six!.
- Et après neuf?
- …
- Alors?
- …
- Ben c'est dix, dit le père en prenant l'enfant contre lui.
L'enfant se dégage, regarde ses mains, semble réfléchir, et soudain les yeux illuminés, il dit :
- Et après il y a quatorze!

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VINAIGRE © - extrait du Journal Intime Collectif (JIC)