Samedi 12 janvier 2002, 19h00.
Tribunal de Grande Instance, Ile de la Cité,
23ème Chambre Correctionnelle, Paris.

Dans le box des accusés, deux jeunes gens, debout, les cheveux coupés courts, en veste bigarrée portant l'emblème d'une marque de vêtements de sport.
Derrière eux, deux gendarmes, debout, leur font office d'ombre.

Le Président du Tribunal, prend la parole. Après avoir demandé aux prévenus de décliner leur identité, il énonce les faits qui leurs sont reprochés :
- Messieurs K… et M… ont été appréhendés au sein du Commissariat de la Goutte d'Or, le vendredi 11 janvier 2002 à 12h00. On vous reproche sous couvert de transmettre des sandwichs à Monsieur F… en garde à vue dans les locaux de ce commissariat, d'avoir essayé de lui faire passer une certaine quantité de résine de Cannabis. En effet, les policiers présents dans le commissariat, ayant ouvert les deux sandwichs apportés par Messieurs K… et M…, y ont découvert plus de 3 grammes de résine de Cannabis. De plus, la fouille et l'examen médical ont montré que Messieurs K… et M… sont eux-mêmes consommateurs de cette substance et que Monsieur M… se trouvait en possession de 2,8 grammes de crack. Son examen médical a d'ailleurs démontré une récente consommation de cocaïne. Reconnaissez-vous ces faits. Monsieur K…

- Oui, Monsieur le Président.

- Monsieur M…

- Oui, Monsieur le Président.

- Je voudrais tout de même préciser à la cour que Monsieur K… se trouvait en garde à vue trois heures avant dans le même commissariat. Apparemment pour détention de substances illicites, en l'occurrence de la cocaïne. Il a été libéré pour insuffisance de preuves. Monsieur K…, pouvez-vous nous raconter ce qui s'est passé ?

- Quand je suis sorti du commissariat, j'ai rencontré Monsieur M… et je lui ai dit que F… était en garde à vue. Alors, on est parti lui chercher des sandwichs.

- Avec du cannabis dedans ? C'est des sandwichs très riches ? Et comment l'aurait-il absorbé ?

- Il se serait débrouillé ! Il peut pas tenir sans shit. Il allait commencer à angoisser. Il fallait l'aider.

- Et vous ne pensez pas que c'est un petit peu fou d'amener du cannabis à un ami retenu en garde à vue dans un commissariat ?

- Vous savez, Monsieur le Président, je sais ce que ça fait qu'en j'en ai plus. Je voulais l'aider. Il aurait eu l'angoisse.

- Mais, vous êtes en garde à vue depuis plus de 24 heures et vous ne semblez pas trop souffrir.

- Ça va, Monsieur le Président.

- Monsieur M…, je vois que vous avez déjà été arrêté pour détention illégale de substances illicites. Quels étaient-elles ?

- De la Beu-er, Monsieur le Président.

- Excusez-moi, je ne vous ai pas bien entendu !

- De la Beu-er, Monsieur le Président.

- Excusez-moi encore, mais je ne suis pas sûr de bien vous comprendre !

- De la Beu-er, quoi, Monsieur le Président.

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VINAIGRE © - extrait du Journal Intime Collectif (JIC)